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L'eau miroir du monde... La poésie miroir de l'âme...

Trilogie Bretonne

SUR LA DUNE

 

Quelques nuages d’été, qu’une brise légère

Pousse tout doucement dans un éther d’azur,

Jettent sur l’océan leurs ombres éphémères,

Tandis qu’un cri de mouette fait tressaillir l’air pur.

Et portées par le vent quelques notes voyagent :

Chants d’une procession montant vers la chapelle

Ou trilles d’un sonneur égayant un mariage

Où danse une promise en coiffe de dentelle.

 

Au loin sur l’horizon, esquisses fugitives,

Une paire de voiles blanches se profile au ponant

Dessinant sur le ciel de leurs silhouettes chétives,

Un cadre où le soleil s’abime  en rougeoyant.

 

Et quand la nuit retombe sur le pays d’Iroise

Que le bruit du ressac répond à l’angélus

Qu’une brume diffuse estompe les toits d’ardoise

Et que du sol mouillé montent des senteurs d’humus,

Des couples d’amoureux se promènent sur la dune,

Gravent dans le granit leurs prénoms enlacés

Et sous la douce lumière que leur offre la lune,

A l’abri d’un dolmen, échangent un baiser.

 

 

SUR LE PORT

 

Un regard « eau de mer », une barbe blanchie,

Un visage buriné par le sel et le vent,

Des rides aux coins des yeux emprunts de nostalgie

Le vieux marin regarde au loin vers le couchant.

Il rêve sans doute à quelque ancienne image,

Un sourire de geisha, une douce vahiné,

Souvenirs fabuleux de ses lointains voyages

S’estompant doucement dans les brumes du passé.

 

Au dessus du chenal, l’incessante clameur,

L’infernal tourbillon des goélands affamés,

Escorte bruyamment le retour des pêcheurs

Que des femmes en noir attendent au bout de la jetée.

 

Dans le fond de la crique découverte au jusant

Courant entre les coques des vieux gréements échoués,

De jeunes enfants jouent sur les galets glissants

Malmenant à plaisir un crabe infortuné.

Et quand le ciel rougeoie là bas sur l’horizon,

A l’heure où le soleil s’enfuit vers l’Occident,

Que, sans bruit, les ténèbres enveloppent les maisons

Le vieux port s’engourdit bercé par l’océan.

 

 

SUR LE PONT

 

Minuit : relève de quart, je quitte la machine

J’ai une envie d’air frais, un besoin de silence…

Mon crâne sonne encore du bruit de la turbine

Martelant mes tympans de sa sourde cadence.

Le sommeil va me fuir inexorablement.

Pour retrouver l’air pur, je monte sur le pont.

Contre le bastingage m’appuie gaillardement

Et de la brise du large, je remplie mes poumons.

 

La, doucement bercé par une houle discrète

Oubliant dans l’instant toute ma lassitude,

Avec les éléments en communion secrète,

Je me laisse envahir par cette plénitude. 

 

A l’infini la mer, sombre, à perte de vue,

A la crête des vagues une touche d’écume,

Sous ces milliards d’étoiles constellant les nues.

Et à la lumière blême de ce croissant de lune ;

Le lourd vaisseau de guerre, symbole de pouvoir,

Apparait ridicule dans cette immensité.

De la sottise humaine, monstrueux faire-valoir

En expose fièrement toute la vanité.

 

Luc Josset

Extrait de "La vie en vers en vrac"

Trilogie Bretonne
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